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Département de Bignona : Le tourisme fragilisé par l’insécurité à Kafountine

Rédigé par leral.net le Lundi 19 Février 2024 à 18:38 | | 0 commentaire(s)|

Grâce à sa position géographique et à son climat, Kafountine, dans le département de Bignona, était devenue une attraction pour les touristes. Mais, cette activité bat de l’aile, cette année, à cause de l’insécurité et des manifestations qui secouent le pays. Avec l’implantation d’une brigade de gendarmerie, les populations espèrent voir la donne changer. BIGNONA– […]

Grâce à sa position géographique et à son climat, Kafountine, dans le département de Bignona, était devenue une attraction pour les touristes. Mais, cette activité bat de l’aile, cette année, à cause de l’insécurité et des manifestations qui secouent le pays. Avec l’implantation d’une brigade de gendarmerie, les populations espèrent voir la donne changer.

BIGNONA– Si ce n’était pas le quatuor d’antiquaire assis sous un anacardier et prenant tranquillement du thé, on ne croirait pas qu’il y ait encore du monde dans cette partie de la commune de Kafountine (département de Bignona) dominée par les campements et résidences. Cet habitat, détaché des faubourgs et donnant directement sur la plage, est le lieu par excellence de résidence des touristes. Dans cet endroit calme, les lodges sont aménagés au milieu d’une forêt naturelle où les lianes serpentent les autres arbres dominants. Ici, règne un calme olympien, à part le rythme irrégulier des vagues qui viennent mourir sur la côte et le vrombissement agressif d’une moto qui tente de rallier Diannah, l’autre village de cette commune rurale.

Le tourisme commençait à se relever de la Covid-19. Il y avait une bonne reprise des activités. « L’année dernière, à pareil moment, les Blancs étaient là. Les lodges étaient pleins », raconte Ababacar Cissé, 30 ans. « Malheureusement, tout s’est arrêté cette année », se lamente cet antiquaire ziguinchorois, la tête ornée d’un chapeau conique et une cigarette entre les deux doigts. Au milieu des cases, Manding Samaté donne quelques coups de balai. Il y a deux clients, en l’occurrence des locaux venus prendre part aux activités culturelles. « Ils seront logés ici », assure le gérant du campement le Fouta Djalon. Tout comme Ababacar, il se plaint de la rareté des clients. « Le cuisinier du campement est même reparti à Ziguinchor parce que nous n’avons plus de client à loger », renseigne-t-il.

Avec 41 658 habitants, la population de Kafountine a explosé ces dernières années. Les activités liées au tourisme et à la pêche ont favorisé l’arrivée de plusieurs étrangers dans cette ville côtière.

Les gens viennent de partout, comme le prouvent les dialectes qui animent les palabres au quotidien. « Certains passent par la voie fluviale en provenance de Banjul, Bissau et même Conakry. Cette situation pose un problème de contrôle des identifications. Certains, on ne sait pas ce qu’ils font. D’autres s’adonnent à la violence, ciblant les campements touristiques », relève David Diatta, maire de la commune.

Le jeudi 8 février 2024, un homme a été poignardé par son ami à la suite d’une dispute. Quelques semaines plutôt, un autre avait tenté de dévaliser la résidence d’un touriste avant d’être abattu par un agent de sécurité. « Si un touriste est agressé, cela crée une panique et plombe la destination Kafountine. Ceux qui viennent pour la première fois n’ont plus envie de revenir. Le pire, cela dissuade les autres à venir », explique M. Diatta.

Un autre cas sérieux, c’est qu’il y a beaucoup de repris de justice qui viennent se cacher à Kafountine. « Ils passent la nuit dans les rues ou au quai de pêche. Ce sont ces gens qui profitent parfois des occasions pour commettre des agressions », accuse un agent de sécurité sous l’anonymat. D’ailleurs, pour sécuriser le quai, l’Armée intervient sur sollicitation de l’autorité de la commune. « Ce n’est pas leur rôle, c’est pourquoi ils (les militaires) ne vont pas très loin souvent », confie David Diatta. Trouvé dans sa cuisine en train d’ajouter des épices dans une marmite pleine de langoustes, Eric est un touche-à-tout. Celui qui se dit chrétien proche des jésuites reconnait un ralentissement du tourisme. Son campement, le Koumpo, est quasi vide. « J’avais beaucoup de réservations, mais les évènements politiques liés à l’arrestation de l’opposant Ousmane Sonko ont ensuite tout gâché », déplore ce Français résident à Kafountine. Beaucoup de ses clients ont renoncé à leur voyage cette année.

Depuis quelques semaines, le poste de gendarmerie de la commune de Kafountine est érigé en brigade, répondant ainsi à une vieille doléance des populations. L’espoir de restaurer l’ordre dans cette cité balnéaire est nourri par les autochtones, en majorité des Diola Karone et des Mandingues.  D’ailleurs, une « journée sécuritaire » est prévue dans les prochains jours. « C’est pour réfléchir, avec les populations et les Forces de défense et de sécurité, sur comment collaborer pour mettre un terme à l’insécurité », révèle le maire. Cette nouvelle initiative va s’ajouter à celle mise en œuvre pour lutter contre la migration irrégulière.

Jonas Souloubany BASSÈNE (Correspondant)



Source : https://lesoleil.sn/departement-de-bignona-le-tour...